Martin, alias The Blue Martin sur Insta, nous raconte comment il a végétalisé ses balcons & fenêtres pendant le premier confinement en 2020, et accueillit depuis la biodiversité à Paris. Une série de 6 articles. N°4 |
Observer enfin
Nous voilà au quatrième épisode de cette série sur la végétalisation de mes balcons parisiens. Cette période de confinement qui m’a fait réaliser un rêve en accord avec mes valeurs : aménager mes deux balcons et rebords de fenêtres pour attirer la biodiversité. D’avril à septembre 2020, j’ai assisté rapidement à l’arrivée de la vie animale, dans la foulée de mes plantations de fleurs de champ, d’arbustes fruitiers et de grimpantes.
Conjurer l’éco-anxiété
Malgré mon ton excessivement enthousiaste, je suis un éco-anxieux. Les rapports du GIEC se succèdent et je souffre de voir des milliers d’espèces risquer de disparaitre du fait de notre mode de vie. Malgré mes efforts individuels, j’ai besoin d’éléments pour me rassurer. Et voir la puissance de la vie à mes fenêtres en fait clairement partie. Ok, ça ne résout pas le fond du sujet, mais quand on vit dans une ville aussi minérale que Paris, le rapport à la nature est ténu et les actus sur le réchauffement sont encore plus angoissantes. Alors, avec mes balcons Nature, j’ai (un peu) l’impression de faire partie de la solution.
La nature est si puissante
Premier constat de mes plantations : la croissance fulgurante des fleurs de prairie. Plantées en pots ou jardinières profonds de 30-40cm, elles se sont élevées en deux mois à 1 mètre de hauteur ! Alors oui, les plus hautes sont les ombellifères (carotte sauvage, coriandre…), mais la diversité du mélange fait que c’est fourni à tous les étages : sous les ombellifères les bleuets, sous les bleuets les coquelicots… Et grand bonheur aussi, la floraison dure d’avril à octobre car les essences se succèdent pour fleurir et attirer les pollinisateurs. Comme moi, si vous sautez le pas, vous apprendrez le nom des fleurs : la délicate chicorée crénelé, la mauve, le coquelicot rouge papier mâché, les magnifiques ombrelles des carottes sauvages… Et observer cette nature si puissante aide à croire en sa résilience. C’est une façon, même modeste, de rétablir le lien avec elle.
Un milieu artificiel
Attention quand même à ne pas être naïf : les balcons parisiens sont des milieux hostiles et donc exigeants : au 4ème en expo sud-ouest sur un boulevard, c’est un peu comme une mini-falaise. Normalement seules les espèces végétales peu exigeantes survivent (sedum corail, joubarbe…). Donc mes balcons et rebords de fenêtres, je les arrose au minimum deux fois par semaine entre avril et septembre, afin de compenser ces conditions sèches et venteuses. Mais la contrepartie est spectaculaire ! Les plantes prospèrent. À côté du mini-champ fleuri, les autres plantes prennent leur temps : le framboisier et le groseillier à maquereau ont bien grandi cette année-là et ont donné leurs premiers fruits l’année suivante. En revanche, ma vigne galère ! Je l’ai mise dans le même pot qu’une jachère fleurie et ça entrave son développement. Donc je recommande un pot indépendant.
Ainsi vint la vie
Côté animaux, la surprise fut de taille dès la première saison : très vite ils sont arrivés. Les pucerons, donc les coccinelles… Les punaises et puis tous les pollinisateurs ! L’abeille à miel bien sûr, mais aussi les abeilles sauvages, les bourdons, les guêpes, les énormes abeilles charbonnières, les syrphes, les mouches ! Et figurez-vous que j’ai découvert bien des choses en observant ce petit monde : par exemple, les mouches qui nous embêtent tant, eh bien chez moi elles adorent butiner les fleurs de persil et ne restent jamais dans mon intérieur. Idem pour les guêpes avec le framboisier. Par ailleurs, les papillons s’aventurent jusqu’au 4ème, notamment le petit brun du pélargonium, et je retrouve des chenilles dans la jachère fleurie. Enfin, si face aux pucerons vous manquez de coccinelles, vous pouvez délicatement en collecter dans un parc pour les amener chez vous, elles resteront si elles s’y sentent bien.
Et mes pigeons ramiers à résidence
Ce fut l’autre surprise de cette première saison : l’arrivée d’un couple de pigeons ramiers chez moi. Alors oui, j’ai eu la chance d’apercevoir parfois un merle ou de retrouver des crottes de mésanges, mais ce fut trop fugace pour en parler. En revanche, les ramiers semblent adorer ce cadre de balcon végétalisé. Ce sont de gros pigeons qu’on retrouve dans les parcs, jardins et bois. Donc dès juin 2020, les voilà qu’ils inspectent les deux balcons et commencent à écraser mes plantes sans vergogne ! J’étais désemparé car je les voulais absolument chez moi, mais je devais protéger mes plantes de leur piétinement infernal. Voici la solution que j’ai trouvée : j’ai planté des pics en bois dans tous mes pots et jardinières afin de les orienter vers la seule option valable : un pot carré haut et large, avec suffisamment de profondeur pour leur permettre de faire un nid douillet.
Mathurin et Philomène
Et le couple a joué le jeu. Deux petits ont émergé de cette première nichée, Mathurin et Philomène, comme les a baptisés ma nièce. Et je peux vous dire qu’avoir une nichée à sa fenêtre, c’est émouvant et un peu flippant… Car il faut continuer d’arroser les plantes. Or parfois les parents ne te laissent pas approcher. Donc si ça vous arrive, faites comme moi, approchez doucement mais fermement du nid avec votre arrosoir, la femelle partira, arrosez les plantes dans toucher les œufs ou les oisillons. Les parents reviendront rapidement. Cela ne les gêne pas, ils sont résistants et je pense qu’ils perçoivent l’absence d’animosité. Autre enseignement de cette expérience : le pot carré profond est idéal pour ne pas avoir de crottes sur le balcon, et donc pour rester ok avec ses voisins.
Pas si exigeant
Clairement, entre le bourdonnement des insectes et le nid de ramiers, cet été 2020 a été incroyable. 2021 était du même acabit : le retour du couple, et les mêmes fleurs. Car là réside le secret et le charme de mes balcons Refuge LPO : la pression est bien moindre qu’un balcon ornemental. Les plantes sont peu exigeantes (hormis l’eau), elles fleurissent longtemps et facilement, et si vous ne trouvez pas de solutions pour arroser quand vous partez en vacances l’été, elles ne vont pas mourir. Elles repartent l’année suivante. Le tout en attirant bien plus d’insectes qu’un olivier, un laurier rose ou un citronnier. C’est grisant de constater qu’on peut créer un micro-havre de biodiversité sans beaucoup de moyens et avec un entretien réduit. Ainsi, l’une des rares actions à mener est d’enlever les tiges sèches en septembre, les couper en petits morceaux (sans les graines !) et les répandre sur les sols des pots et jardinières (paillage). Hormis une éventuelle taille d’arbustes et bien sûr l’arrosage, plus rien à faire avant mars de l’année suivante !
Bataille de noms sur Instagram Rendons hommage à la créativité des followers de mon compte Insta @thebluemartin. Voici leurs propositions de noms pour les deux pigeonneaux de la nichée 2020 : Alex et Baptiste (quentin_ornitho), Laurel et Hardy (veroniquesinou), Arletty et Gabin (tiyo1978), Prince et Vaillant (gogo2306), Théodore et Simon (cguerlais & ju_guerlais), Bonnie & Clyde (sylvieovernoy), Hermès et Hestia (phichri23), Parice et Hilton (le_boiseau_du_42), Vaillant et Colombe (yayalovemcdermott), Pile et Face (mamiepatty) |
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